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La société civile ne saurait rester indifférente à la situation du breton. Sous l’égide de «Breizh-ImPacte» et avec le soutien des «Bonnets Rouges» et de «Bretagne Réunie», une grande assemblée s’est réunie à Saint-Avé (56), le 25 avril 2015. Elle a adopté un programme en huit points, dont le quatrième porte sur l’orthographe du breton.
Elle demande que le point principal de la réforme proposée en 1974 par Per Denez, Ronan Huon et Léon Fleuriot, soit mis prochainement en application, à savoir doter les mots de finales douces, en tenant compte de leur dérivation. Cette simplification de l’écriture facilitera la réalisation orale des liaisons par les apprenants et leur enseignement par les pédagogues. Une nouvelle réunion à Kergloff (29), le 17 octobre 2015, a confirmé cette orientation.
Yannig Baron, 20/12/2015
Quand, au Moyen-Age, on n’écrivait pas les mutations, ce n’était un problème pour personne, car le breton était la langue quotidienne de tous et chacun les faisait sans hésitation. Quand, au XVIIe siècle, le père Maunoir, un Haut-Breton, s’est mis à apprendre et écrire notre langue, il a eu besoin et a compris l’utilité de faire apparaître les mutations sur le papier.
De même aujourd’hui où le breton n’est plus la langue quotidienne de la majorité de nos compatriotes, les liaisons ne se font plus automatiquement chez les apprenants. De plus, l’écrit prend de plus en plus d’importance chez les élèves et étudiants. Les finales dures du peurunvan tendent à être prononcées comme en français (ex.: matéo) au lieu d’être adoucies devant les voyelles: matd e(o).
Nous sommes à un tournant historique où notre langue est en grand danger, ce dont chacun doit prendre conscience et en tirer les conséquences pratiques. Il nous faut répondre à la nécessité de s’adapter à la situation actuelle, en mettant en œuvre cette réforme voulue par Per Denez, Ronan Huon et Léon Fleuriot, trois têtes pensantes et responsables du breton. Le point principal de cette réforme est la dotation de certains mots de finales douces, essentielles pour une bonne réalisation des liaisons par les néo-bretonnants. Donnons toutes ses chances à la langue bretonne d’avoir un avenir digne de son riche passé.
Tugdual Kalvez, 22/12/2015
Evit an doare-skrivañ, e vefen ali d'ober ur c'hempenn skañv-tre : skrivañ ar gensonenn ziwezhañ evel m'eo bet atav er yezh, hep ober kemm etre anv-gwan hag anv-kadarn : mad pe mat › mad ; braz pe bras › braz...
A-hend-all on aet skuizh o klevet "brass eo an ti" e-lec'h "brâz eo an ti" : ur c'hempenn d'an doare-skrivañ a rofe aer d'ar yezh, 'gav din. Met ur c'hempenn skañv, evel am eus lâret.
Erwan Evenou, 1añ Meurzh 2016
"Felloud a ra deoc’h gwellaad doare-skrivañ ar peurunvan ? Ar pennoù braz ne fell ket dezho ? Med, c’hwi a ra gant ar brezhoneg, perc’henn hor yezh oc’h kement hag int ! Galloud a rit gwellaad hor skrivadur, n'ho peus nemed divizoud. Ya, c’hwi a c’hell ! Ya, asamblez e c’hellomp !!!".
D.A.B. (Skrived e peurunvan nevesaed) 13/09/2017
Du coronavirus à la réforme du peurunvan
Nous vivons en cette année 2020 une double crise, celle du coronavirus, que nous espérons passagère, et la crise écologique qui va durer longtemps. Certains réfléchissent à leurs conséquences et aux changements qu'elles devraient impliquer. C'est le cas de Fanny Lederlin, interviewée récemment (Ouest-France du 02/04/2020), à propos de son dernier livre qui présente « une critique écologique du travail » (P.U.F.).
Toute crise, estimait la philosophe allemande Hannah Arendt, ouvre une « brèche » dans notre mode de vie, notre conception de la société, et nous invite à faire l'expérience de la liberté et à refaire le monde.
Notre sociologue ose un regard critique sur les possibilités d'ouverture que présente la situation actuelle, et je voudrais ici transposer son propos à la question de la réforme de l'orthographe du breton. Car les situations se ressemblent par certains aspects: il s'agit, dans les deux cas, de remettre en cause les habitudes établies et d'oser franchir le pas de s'adapter aux nécessités d'avenir.
« Beaucoup de gens, écrit-elle, sont sincèrement en train de réfléchir à la manière dont nous travaillons et vivons. Mais, il y a une force d'inertie individuelle et collective qui empêche de sortir du modèle dans lequel nous sommes enfermés ».
Elle poursuit : « Je redoute la docilité avec laquelle nous nous accommodons de tout ça. Je redoute l'inertie de nos modes de vie, notre conservatisme ».
L'auteure ajoute : « Ce qui me fascine, c'est notre manque d'imagination, notre "domestication" dans tous les sens du terme ». « Toutes les raisons sont bonnes pour continuer à travailler comme avant » …
Ainsi, dans la question orthographique, on nous dit « Ce n'est pas le moment de changer quelque chose dans l'orthographe du breton » ; « La réforme orthographique n'est pas le point le plus important à réaliser » ; « On a trop de travail pour consacrer du temps à cette proposition de réforme », etc.
Mais, certains de nos compatriotes, linguistes et enseignants, refusent le conservatisme en voyant les conséquences des défauts du peurunvan sur les néo-apprenants, les élèves du premier degré, les collégiens, les lycéens, ceux qui apprennent seuls ou par correspondance. Jean-Claude Le Ruyet les rappelle dans son ouvrage « Bien prononcer le breton d'aujourd'hui » (Editions Skol Breizh, 2012, 87 pages). Il est temps d'y remédier et c'est la raison d'être des propositions de Dazont ar brezhoneg et la campagne que nous avons décidé de mener pour promouvoir le peurunvan 2020.
Tugdual KALVEZ